Refinancer (enfin!) les universités!

Le texte ci-dessous fait l’objet d’une pétition qui émane de notre délégation.

Pour signer: http://chng.it/QW9fBMSJRF

Madame la Ministre Valérie Glatigny,

La situation dans laquelle se trouve l’éducation en général et l’université en particulier depuis le début de la crise sanitaire que nous traversons est inédite. La pandémie surgit dans un contexte où les universités souffrent d’une insuffisance patente de moyens depuis de nombreuses années. En dix ans, la population universitaire a augmenté de 40 % alors que les budgets alloués aux universités ont stagné : le financement par étudiant.e n’a donc cessé de diminuer. Globalement, les études montrent que, depuis plus de dix ans, la Fédération Wallonie-Bruxelles a un taux de financement de l’enseignement supérieur des plus bas.

Face à cette crise sans précédent, un investissement dans la recherche liée au COVID-19 vient d’être réalisé – ce dont nous nous réjouissons – et les universités ont consenti à investir dans l’infrastructure et le soutien au personnel enseignant. Mais ce sont en réalité toutes les disciplines enseignées et la recherche dans leur globalité qui sont touchées et doivent aujourd’hui être soutenues. Cela ne nécessite pas uniquement un appui logistique, matériel et un soutien pédagogique, mais aussi plus de moyens humains, c’est-à-dire l’engagement d’enseignant.e.s-chercheur.e.s et d’assistant.e.s d’enseignement et de travaux pratiques qui font aujourd’hui cruellement défaut. En effet, la situation oblige à repenser profondément l’enseignement et la pédagogie universitaire vers un encadrement personnalisé, afin de soutenir tou.te.s les étudiant.e.s et leur permettre de suivre leur cursus de manière adéquate. Pour ce faire, en plus de l’utilisation de moyens digitaux, les cours et leur encadrement devront impérativement être démultipliés si nous souhaitons maintenir un niveau d’excellence et un accompagnement adéquat pour toutes et tous. La crise actuelle ne fait qu’accentuer et rendre d’autant plus visibles des problèmes structurels présents de longue date.

Nombre de signataires de la présente lettre ainsi que nos collègues sont aujourd’hui proches du burn-out et sont las de devoir « faire avec les moyens du bord ». Nous, enseignant.e.s du supérieur et chercheur.e.s, nous sommes engagés dans un processus exceptionnel. Nous avons en un temps record dû penser un renouvellement, une réorganisation et une réinvention en profondeur de nos tâches. Cependant, de tels efforts ne peuvent être poursuivis dans la durée sans un réel soutien de nos autorités de tutelle. En la matière, seule une politique d’engagement pro-active permettra de répondre aux demandes légitimes des étudiant.e.s et permettra aux collègues enseignant.e.s chercheur.e.s d’assumer leurs missions avec professionnalisme et bienveillance, sans risquer de mettre leur santé en danger.

En outre, la recherche est une mission fondamentale de l’université, et les enseignant.e.s sont aussi chercheur.se.s. Or, depuis trois mois, toutes les énergies ont été captées par la réorganisation des cours et évaluations à distance et nous avons dû massivement laisser nos activités de recherche de côté. Si nous voulons que les laboratoires et centres de recherche reprennent une activité digne de ce nom et responsable envers notre avenir commun, il est crucial que des moyens nouveaux y soient consacrés.

Nous demandons donc qu’à la gestion de l’urgence succède une véritable politique en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui permette de garantir un soutien et un suivi des étudiant.e.s, des conditions de travail dignes pour toutes et tous et de maintenir les capacités de recherche des établissements.

En janvier 2020, vous affirmiez : « Il ne faut pas imposer une politique d’austérité à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique car ce serait comme renoncer à investir dans le futur de nos jeunes ». Le moment est venu de soutenir le futur de nos jeunes, avant qu’il ne soit trop tard.

Contacts:

Vanessa Frangville, Vanessa.Frangville@ulb.ac.be

Damien Scalia, damien.scalia@ulb.ac.be

Nicolas Verschueren, niversch@ulb.ac.be

Autres actions

Un appel interuniversitaire : Pour le déconfinement de nos universités !

Une initiative qui émane de l’atelier des chercheur.euse.s pour une désexcellence des universités : Non à la rentrée virtuelle à l’ULB !

Un appel d’étudiant.e.s à interpellation de la Ministre et des Autorités académiques : No one fails !